La plupart du temps, nous mangeons pour des raisons émotionnelles ou conventionnelles, et sans avoir vraiment conscience de ce que nous faisons.

Nous prenons souvent un petit en-cas par ennui, par désœuvrement, par habitude, par peur, pour nous rassurer, nous réconforter, ou pour fêter quelque choses, ou bien encore par colère, voire même rage ou dégoût. Parfois cela peut être par tristesse, par solitude, par peur de la nuit qui tombe, peur de manquer, ou d’avoir faim plus tard…

Nous mangeons aussi par conditionnement, pour terminer le plat, parce qu’il ne faut pas gâcher, parce qu’il ne faut rien laisser dans son assiette, ou pour faire plaisir à notre hôte, pour honorer celui ou celle qui a préparé le repas…

Nous mangeons donc souvent pour des raisons qui ne sont pas du tout physiologiques !

Si nous observons les bébés, nous nous rendons compte qu’ils ne mangent jamais plus que ce dont ils ont besoin. Proposer le sein ou un biberon à un bébé repus ne sert absolument à rien : quand son corps lui indique qu’il a ce qu’il lui faut, il s’arrête !

Les animaux sauvages fonctionnent aussi de la même manière.

Et dans la nature, personne ne stocke au cas où : le fruit qui n’a pas été mangé tombe de l’arbre et pourrit par terre, est utilisé en partie par des insectes, et l’autre partie ne se perd pas mais se transforme, et la terre le réutilisera. En aucun cas un animal déjà repus ne le mange pour ne pas le perdre !

C’est pourtant souvent ce que nous les humains nous faisons : pour ne pas gâcher, ou éviter de jeter à la poubelle, nous allons manger les derniers morceaux, même si nous sommes déjà plein, et de la sorte, c’est notre corps qui devient la poubelle ! Nous lui donnons ainsi à digérer, puis stocker, des aliments dont il n’avait pas besoin sur le moment, et qui vont lui demander de l’énergie (digestion, stockage) au lieu de lui en apporter !

 

Alors, pour commencer à manger moins, sans se priver, il sera utile de prendre conscience de ses émotions, et de manger en conscience !

 

1/  Prenez conscience des émotions qui vous traversent

A chaque fois que vous avez envie de manger, demandez-vous si vous avez vraiment faim ! Puis, posez-vous, et écoutez si une sensation physique gênante arrive, et où elle se situe dans le corps… Cela peut être dans le bas du ventre, dans l’estomac, dans la gorge, la poitrine, ou n’importe quelle partie du corps.

Accueillez cette sensation physique car elle vous donne de grandes informations, ressentez-la, et focalisez-vous dessus : ne la lâchez pas, jusqu’à ce qu’elle disparaisse. !

Respirez tranquillement, et souvent avec cet accueil de la sensation physique va apparaître une pensée, ou une émotion : c’est elle qui est à l’origine de la soi-disant faim que vous ressentez ! Prenez conscience de cette pensée ou émotion, et remerciez votre corps de vous avoir transmis cette information : vous savez maintenant que l’envie de manger était en fait un besoin de comble une vide, ou une peur, ou un sentiment de solitude, ou d’ennui, ou encore un moyen d’oublier le manque d’amour que vous avez pour vous-même…

Restez focalisé sur la pensée ou émotion qui est arrivée, et sur l’endroit dans le corps qui vous gêne, ou vous dérange… dans quelques instants, cela va passer, la sensation physique va disparaître, et la pensée ou l’émotion aura été entendue… Vous pourrez alors vous détendre tout à fait, et remarquer que vous n’avez plus vraiment faim.

Si l’émotion ou la pensée qui a été soulevée est vraiment très forte et vous touche trop, peut-être sera-t-il utile d’aller la travailler avec l’aide d’un thérapeute compétent…

Et bien sûr, dorénavant : ne mangez que si vous avez vraiment faim !

 

2/ Mangez en conscience

Très souvent nous mangeons sans prendre conscience de ce que nous ingérons. En France, nous avons une grande tradition culinaire, et les repas sont un moment de partage et de fête. Nous invitons et sommes invités à nous rencontrer lors des repas, contrairement à d’autres pays où l’on se rencontre en dehors des repas, ou bien où l’on ne doit pas parler pendant les repas.

En réalité, le fait de manger ensemble et parler de nos vies ou de nos petits soucis, même si c’est très agréable, nous distrait souvent de la fonction essentielle du repas : nous nourrir de manière adaptée à nos besoins. Sans même parler du contenu de nos repas, qui n’est pas toujours le meilleur carburant pour un être humain, le fait même de ne pas accorder d’attention à ce que nous mangeons, en étant distrait par autre chose, rend plus difficile la digestion, et ne permet pas de ressentir l’effet de satiété que tout corps bien nourri ressent au moment où il n’a plus besoin de manger.

Donc, sans se priver des moments de fête ou vous partagez avec d’autres, commencez à prendre l’habitude quand vous le pouvez, quand vous mangez seul, ou en petit comité, de :

  • regarder ce que vous mangez,
  • prendre conscience de sa forme, sa couleur, sa texture, son odeur,
  • penser à tout ce que cela va nourrir en vous,
  • penser à tous ceux qui ont participé à ce que cela arrive dans votre assiette, depuis le paysan qui a travaillé la terre jusqu’à la personne qui a cuisiné, ou vous a servi.
  • Puis savourez lentement ce que vous mangez, observez la quantité qui se trouve dans votre assiette, sur votre fourchette… et écoutez ce que vous dit votre corps en mangeant cela.

Il se peut que, rapidement, vous ayez la sensation d’avoir assez mangé, d’être rassasié, même s’il en reste encore dans l’assiette…

Alors à ce moment-là, arrêtez-vous de manger… même si vous avez peur d’avoir un peu faim plus tard, même si votre hôte vous en propose encore… Vous pouvez poser votre fourchette, éventuellement garder votre assiette pour le repas suivant, ou simplement penser à votre corps qui en a assez et pour qui ce serait un trop gros travail de devoir digérer et stocker ce surplus…

Nous vivons dans une société d’abondance, où paradoxalement nous avons toujours peur de manquer. Même si vous aviez faim un peu plus tard dans la journée, il serait toujours possible de prendre un fruit, ou de boire un verre d’eau…

Il sera bien sûr plus facile de commencer à prendre conscience de cela lorsque vous êtes seul, pour vous habituer à ce nouveau fonctionnement, et ensuite à le pratiquer même lorsque vous êtes en compagnie !

 

En résumé, pour commencer à manger moins sans avoir l’impression de se priver :

1/ prendre conscience de ses émotions, les accueillir, les traverser

2/ manger en conscience, doucement, tranquillement, sans penser à autre chose qu’à ce que vous êtes en train de faire

 

Bonne expérimentation !